Chronologie_1940-1948

Chronologie 1940-1948: La guerre – Dernières années

1940

22 mai: Leo Hubscher insiste, non sans difficulté, dans ce temps de désordres après l’invasion des nazis, pour que sa sœur Berendina et le peintre quittent Thoury-Ferrottes et il essaie de faire enregistrer les châteaux de Pleignes (fig. 1) et la Motte comme propriétés américaines auprès de l’American Legation.1

Fin mai – juin: Exode, s’installe avec Berendina et sa fille Lotty à Pau où il vivra jusqu’en 1943.2

28 août: fait part à Marijke et Theodore Pitcairn de la situation chaotique à Pau à cause des nombreux réfugiés, de leur manque d’argent et des difficultés pour se loger correctement; il lui est impossible de travailler, son matériel étant resté à Thoury; il mentionne la mort de son père.3

16 octobre: épouse à la mairie de Pau Berendina Hubscher, divorcée Urban.4 Ce mariage n’affecte en aucune façon les relations amicales avec Nicolaas Urban et sa nouvelle famille.

2 décembre: est heureux d’avoir le consentement de Marijke et de Theodore Pitcairn  à son mariage avec Berendina; remercie Theodore pour l’envoi des couleurs et pinceaux en plusieurs tailles en martre dont la réception est difficile à prévoir, « impossible de travailler ».5

1. Leo Hubscher, copie d’un LT aux Pitcairn, Le Clos Joli, 22 mai 1940. 2. Nous n’avons pas de document confirmant la date précise de leur départ. Ils auraient pu arriver à Pau à une date postérieure. 3. Voir PS, LAS aux Pitcairn, [Pau, 28 août 1940]. 4. Extrait des registres de l’état civil, copie intégrale, délivré le 19 décembre 2014. 5. PS, LAS aux Pitcairn, Pau, 2 décembre 1940.


1941

23 avril: « Philippe, bien sûr, souffre le plus de l’absence forcée de chez lui et de la vie à l’hôtel; aussi car il est très difficile pour lui de trouver du matériel nécessaire pour travailler; »1

Courant de l’année: « […] Souvent mes rêveries flottent sur le Barbizon jadis, Arbonne, Recloses, notre chère forêt, tout cela a des racines tellement profondes en moi que c’est devenu une forme de respiration, […] ».2

Décembre: « […] surtout ici l’on manque la délicieuse nature qui est toujours d’une grande consolation, j’ai la nostalgie vers un coin de forêt, notre chère forêt de Recloses, tous ses endroits qui chuchotent la rêverie de mon travail. Je me sens parfois dans une autre planète, c’est étrange […] ».3

1. « Philippe of course suffers most of his forced absence from home and his life in a hotel; also because it is so difficult for him to get the necessary material to work; » (Leo Hubscher, copie d’une LT aux Pitcairn, Pau, 23 avril 1941). 2. PS, LAS aux Urban, [autour de 1941]. 3. PS, LAS aux Urban, [autour de décembre 1941].


1942

Janvier: toujours très nostalgique du monde d’autrefois et des alentours de Recloses, très perturbé par les malheurs et les douleurs engendrés par la guerre, « […] travaille un peu avec beaucoup de difficulté comme toujours du reste mais en ce moment encore davantage car cette atmosphère n’est pas là pour faire éclore ces choses subtiles que le vrai artiste porte en lui, enfin beaucoup de courage, car il faut par les temps qui courent de défendre un idéal parmi toutes les ruines qui se trouvent autour de soi […] ».1

Juillet – août: il obtient un sauf-conduit du 8 juillet au 26 août (fig. 2) l’autorisant à se rendre à Bagnères-de-Bigorre pour des soins médicaux; ne se plait pas dans cet endroit. « […] ici rien à trouver, une petite ville bourgeoise sans aucune atmosphère, très peu de choses anciennes, il me tarde de revoir la nature, les grands ciels, les vallons, toutes la poésie de la Seine-et-Marne et même de la Creuse et de la Brenne, mon tempérament n’étant pas pour les grandes montagnes surtout les premiers plans ne s’accordent pas avec les fonds, du reste je préférais mille fois mieux la Provence. Rien ne me plait ici, la couleur est fade, non! Ce n’est pas une contrée pour les peintres, […] ».2

26. septembre: parle de son projet de « ballade à l’arc en ciel ou [d’]un concert d’Ange« .3

1. PS, LAS aux Urban, [très probablement janvier 1942]. 2. PS, LAS à Nicolaas Urban, [très probablement, Bagnères-de-Bigorre, 1942]. 3. Voir Philippe Smit 1942 et voir également [PS 518] et [PS 512].


1943

27 janvier: « Je pense souvent aux belles paroles de Millet, l’art est un combat, il faut y laisser sa peau. » écrit Philippe Smit à Roger Capard1 au moment où il lui décrit sa nouvelle œuvre Spleen de Paris [PS 504].2

28 mars: espère pouvoir rentrer rapidement grâce à l’aide de Roger Capard.

22 juin: est autorisé à regagner son domicile de Thoury-Ferrottes par le préfet des Basses-Pyrénées. (fig. 3)

Septembre: de retour à Thoury-Ferrottes, il souffre de la chaleur, n’aime pas la canicule pour travailler « […] rien n’est joli par ce temps [et pourtant] le mois de septembre peut avoir des fois une atmosphère si diaphane toute imprégnée d’une poésie Mallarméenne […] ».3

19 novembre: reprend contact avec Henri Roché pour commander des « pastelalo » car ceux-ci, contrairement aux pastels, sont irrécupérables après tant d’années d’abandon.4

1er décembre: souhaite à Roché un prompt rétablissement et espère que celui-ci pourra trouver un fixatif pour ses pastels ainsi qu’un produit contre les taches de moisissure dont sont atteintes ses œuvres. Ses « pauvres pastels ont souffert terriblement, [il est] en train de les retoucher et hélas perdent beaucoup de leur valeur première. »5

1. Fonctionnaire du gouvernement de Vichy; voir aussi [PS504]. 2. Voir Philippe Smit 1943. 3. PS, LAS à Nicolaas Urban, [septembre 1943]. 4. PS, LAS à Henri Roché, 19 novembre 1942, archives La Maison du Pastel. 5. PS, LAS à Henri Roché, [1er décembre 1942], archives La Maison du Pastel.


1945

29 octobre: entame avec Berendina par l’Espagne et le Portugal via Porto Rico (24 novembre) un grand voyage aux Etats-Unis.

Séjourne avec Berendina chez Theodore et Marijke Pitcairn à Dientjehaeme, la maison familiale des Pitcairn. (fig. 4)


1946

27 janvier: fait part à Roger et Raymonde Capard de son contentement d’être en Amérique, même si l’atmosphère n’est pas comparable à celle de la France; ravi de retrouver au Métropolitan Museum à New York tous les peintres qu’il aime, cette ville a beaucoup de caractère; il apprécie vivement l’énorme participation de l’Amérique à l’aide de l’Europe après la guerre; partira pour la Floride pour fuir le froid. « Jusqu’à présent je n’ai pas encore travaillé. J’ai beaucoup de mal à trouver mon équilibre, on ne déplace pas une plante si fragile que l’Ame d’un artiste. »1

25 octobre: quitte les Etats-Unis.

1. PS, LAS aux Capard, Bryn Athyn, 24 janvier 1946.


1948

31 janvier: au Plessis-Chenet accident du camion transportant les œuvres destinées à l’exposition chez Maurs à Paris.1

4 février: inauguration de l’exposition à la galerie Pierre Maurs.2 (fig. 5)

5 juillet: décès de Philippe Smit à Thoury-Ferrottes où il est inhumé dans le cimetière de la commune.

1. Voir 1948 Maurs. 2. Idem.



FIG. 1 Château de Pleignes, ancienne propriété de Theodore Pitcairn en Seine-et-Marne, photographie des années 1930, avec l’aimable autorisation de Madame Eshowe Pitcairn-Pennink.

 FIG. 2 Sauf-conduit, 1942.

FIG. 3 Autorisation, 1943.

FIG. 4 Philippe Smit et Berendina entourés de Theodore et Marijke Pitcairn et leurs enfants, Etats-Unis, 1945/46, avec l’aimable autorisation de Madame Eshowe Pitcairn-Pennink.

FIG. 5 Affiche de l’exposition 1948 Maurs.