Chronologie_1929-1939

Chronologie 1929-1939: Thoury–Ferrottes, la vie heureuse

1929

Février: retour en France

12 février: « Quel bonheur de revoir la belle France, quelle poésie. C’est un mystère que l’on ne peut expliquer. […] L’atelier n’est pas ce que j’aurais voulu, quand on n’est pas là, ils font un tas de choses que l’on voudrait autrement, mais enfin ça sera les tableaux qui doivent faire l’âme de l’atelier. […] ».1

18 mars: n’a « rien fait encore [car bien de] choses de l’atelier ne sont pas encore finies avant de trouver l’harmonie et l’atmosphère qu[‘il] avait à Sparren. » Anton Zelling est avec Philippe et Berendina.2

Juillet: divorce prononcé des époux Urban; Smit partage la vie de Berendina.

Achat de la maison mitoyenne située rue Sainte-Reine à Recloses par Berendina Hubscher-Urban au nom de sa fille Lotty; un nouvel atelier y est aménagé pour Smit.3

Automne: prend possession de son atelier à Thoury-Ferrottes. (fig. 1)

10 novembre: René Massé: « […] Arrivée au Château de ‘la Motte’ […] Nous allons au nouvel atelier de Philippe./ Aspect extérieur d’une chapelle, la vieille porte en bois/ de l’entrée. un tout petit vestibule où nous déposons/ nos manteaux./ Puis la grande surprise de l’atelier./ Enorme salle, grande baie vitrée aux deux très grands/ rideaux en velours cramoisi – le plafond à pans à chêne/ ciré – les poutres équarries de la 2e salle, la cheminée/ aux colonnes surmontés de chapiteaux romans./ La troisième petite pièce aux minuscules fenêtres hollandaises/ la remarquable petite Tanagra./ La tête de femme (Art grec)/ La statue en bois d’un Saint du 9e siècle, on sent venir/ l’art Roman./ Un buste de femme très beau. […] »4 (fig. 1); ce même jour Massé a également vu le nouvel atelier à Recloses et nous livre le seul témoignage de ce lieu: « […] Nouvelle surprise!/ Nous allons dans l’atelier, nouvellement aménagé où se trouvait avant le bétail./ Atelier très hollandais, une grande cheminée avec hotte montant jusqu’au plafond./ Les poutres apparentes, la tribune avec de belles étoffes pendues dont une chasuble. Le coffret espagnol où l’on mettait le linge./ De nombreuses reproductions des grands Maîtres./ La petite fenêtre est une merveille d’intimité dans cet atelier, le soleil transparait./ Le fond de la cheminée est recouvert de faïence bleue, carreaux avec sujets.[…] ».5

1. PS, LAS à Theodore et Marijke Pitcairn, Thoury-Ferrottes, [12 février 1929]. 2. PS, LAS à Theodore et Marijke Pitcairn, Thoury-Ferrottes, [18 mars 1929]. 3. Massé 1920-1935, p. [8]. 4. Massé 1920-1935, p. [9 et 10]; voir [PS 323] et [PS 435]. 5. Massé 1920-1935, p. [8].


1930

Printemps: voyage en Espagne avec Berendina, Lotty et les Pitcairn.  « Zuloaga […] avait donné des renseignements. […] [Il] a visité le Musée du Prado à Madrid, son admiration pour le peintre Vélasquez et surtout pour le portrait de ꞌl’Infanteꞌ aime le Titien. […] Considère le Gréco, comme le plus grand peintre de l’Espagne et le met bien au-dessus de Goya. […] Très enthousiaste de l’Espagne et de son caractère de paysage, ses magnifiques ciels que Gréco a si bien senti. […] Tolède a conservé son caractère, mais beaucoup de touristes. […] Aime beaucoup Segovia. […] Le retour en France, admire beaucoup Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, le fameux vitrail. Bourges et sa cathédrale, surtout à l’intérieur. N’aime pas Biarritz, ni Montauban. L’excursion à Fresselines à la maison de Maurice Rollinat, aujourd’hui garage ! La Creuse s’abime. »1

1. Massé 1920-1935, 22 juin 1930, p. [16], l’ordre des phrases n’est pas respecté.


1931

Printemps: visite l’exposition d’Henri de Toulouse-Lautrec au musée des Arts Décoratifs à Paris.1

Eté: séjour en Bretagne (voir [PS 388]).

28 août: commande des pastels chez Roché: « Je voudrais que vous fassiez une sélection de très beau pastels […] Mais surtout des tons francs, pas dégradés […] les plus profonds mais restant dans leurs tons les plus puissants et dans les clairs aussi solides, car j’ai horreur des tonalités fades, alors Monsieur Roché maintenant vous connaissez un peu à connaitre mes gouts. […] ».2 (fig. 2)

Début décembre: revient d’un séjour de deux semaines de Hollande.

13 décembre: château de Pleignes: René Massé: « Causerie sur l’art en générale. La révélation de la couleur par Vélasquez au Musée du Prado et sa déception pour Manet comme coloriste. Son admiration pour Millet […] aime beaucoup Puvis de Chavannes, ne trouve pas que c’est un grand coloriste. […] Van Gogh et sa couleur qui résiste. Claude Monet et ses magnifiques ꞌNymphéasꞌ, trouve qu’il y a certains de ses tableaux dont l’atmosphère a disparu. Comme il comprend que Monet fermait impitoyablement sa porte. Trouve admirable Sisley, comme il a rendu l’atmosphère de cette Vallée du Loing. Aime beaucoup Chassériau. Grand enthousiasme pour la dernière exposition des Toulouse-Lautrec […] Pour les peintres modernes Van Dongen et Dunoyer de Segonzac. Trouve que [Georges] Dufrénoy fait toujours la même chose – n’aime pas Forain. »3

1. 9 avril – 17 mai 1931. 2. PS, LAS à Henri Roché, 28 août 1931, archives La Maison du Pastel; voir aussi Massé 1920-1935, 13 décembre 1931, p. [20]. 3. Massé 1920-1935, 13 décembre 1931, p. [19].


1932

30 janvier: écrit aux Massé qu’il se trouve pour quelques mois à Saint-Raphaël dans les Var avec Berendina, Lotty et son père.1 (fig. 3 & 4) Son séjour sur la côte varoise est prolifique.

1. Voir Philippe Smit 1932.


1933

3 janvier: annonce aux Pitcairn son voyage dans le Sud de la France: « […] j’espère pouvoir travailler dans le midi, je suis surtout content pour notre cher papa qui voit l’Hiver comme un cauchemar, et naturellement ce pays méditerranéen est idéal pour lui et je ne vous le cache pas pour moi aussi car il y a une atmosphère, une coloration qui vraiment est une vision antique. […] »1

27 janvier: article élogieux du critique Kaspar Niehaus dans De Telegraaf d’Amsterdam.2

Février – mars: est en villégiature dans le Midi, accompagné de son père et de Berendina. Son séjour est momentanément assombri par une névralgie violente ainsi que par un temps exécrable, mais espère pouvoir travailler un peu. Manifeste son admiration pour Puvis de Chavannes dont une œuvre vient de rentrer au Louvre, qu’il espère voir bientôt. Se plaint que l’article récent de Niehaus vise plus sa biographie que son œuvre. Le critique devrait « être un écrivain et [avoir un] esprit très bien ordonné, sans tomber dans un excès d’imagination ou dans une platitude froide. »3

29 mars: René Massé: « Visite de Philippe Smit, Dien, Léo, Loty, de retour du Midi. Philippe est enthousiasmé de l’Auvergne (fig. 5) qu’il a traversé.« 4

Avril-mai: voyage aux Etats-Unis.

8 avril: Ils partent […] pour l’Amérique par Cherbourg sur le Bremen 4 jours ½ ont peur des bâteaux français depuis les incendies. / Si ce n’était la famille, ils n’aiment pas l’Amérique, quoique Théo a une très belle propriété boisée. / Théo a fait construire un grand atelier où se trouve 32 œuvres de Philippe Smit, ainsi que des Rembrandt, Sisley, Monet, Van Gogh, Le Greco.5

Juillet-août: séjour en Bretagne. (fig. 6)

29 juillet: fait part à Henri Roché de son mécontentement; trouve que les cartons, trop mous, font perdre leur vigueur aux  couleurs des pastels; il est très dérangé dans son travail.6

4 août: répond à René Massé, qui se trouve dans une situation financière délicate, et dit d’avoir « essayé de travailler un peu. Mais l’été n’est pas la saison favorite pour la Bretagne. »7

24 août: retour à Thoury-Ferrottes.

Septembre: se trouve à La Haye, toujours très préoccupé par le sort de René Massé, mais ne propose rien d’autre que le courage.8

20 octobre 1933: explique à René qu’eux même, lui et Berendina, ont des difficultés avec les frais courants; est « en train de faire un tableau pour la fête de Dien [Berendina] » (œuvre non identifiée).9

Décembre – janvier 1934: expose à la galerie Goudstikker à Amsterdam.10

1. Philippe Smit 1933. 2. Niehaus 1933a. 3. PS, LAS aux Massé, Saint-Tropez, 2 février 1933, album Massé, p. [61] 4. Massé 1933, p. [21] 5. Massé 1920-1935, 8 avril 1933, p. [24]. 6. PS, LAS à Henri Roché, Ploubazlanec, 29 juillet 1931, archives La Maison du Pastel. 7. PS, LAS à Massé, [Ploubazlanec, 4 août 1933], album Massé, p. [63]. 8. PS, LAS à Massé, La Haye, 19 septembre 1933, album Massé, p. [63]. 9. PS, CAS aux Massé, [Thoury-Ferrottes, 20 octobre 1933], album Massé, p. [63]. 10. 1933 Goudstikker.


1934

10 mars: propose à René Massé de « payer tous les trimestres [son] loyer » et lui annonce d’être « en train [de faire] un grand tableau1 ou [il] cherche tous [les] problèmes si difficile de la peinture actuelle. »2

13 mars: écrit à Theodore et Marijke Pitcairn: « J’ai profondément apprécier la lettre de Theo où il écrit sur mes tableaux et aussi sur les petits tableaux, j’en suis extrêmement heureux avec, c’est un soutien moral dont on a si souvent besoin dans la vie, car malgré toutes les convictions en Art, il y a des moments de faiblesses et de doutes, surtout quand on pense aux grands maitres, mais justement par cela j’en suis si heureux et me donne le courage d’aller plus loin, car j’apprécie profondément le jugement de Theo, j’espère que quand vous viendrez que j’aurai beaucoup de choses à vous montre. »3

19 avril: Philippe commande plusieurs cartons chez Roché. « Mais de très belle qualité, pas comme […] l’été dernier, car les cartons étaient trop mous, […] beaucoup de mes cartons […] se fendent, et j’en ai peur pour l’avenir ».4

15 juin – septembre: séjourne trois mois en Hollande à Bergen-Aan-Zee: « […] depuis le 15 juin nous [lui et Berendina] sommes en Hollande. […] J’espère pouvoir travailler un peu ici, et pourtant j’ai la nostalgie de la France […] ».5 Il peint l’Entrée du port à Hoorn [PS 425] la Ferme à Beemster [PS 426] et Zuiderzee à Volendam [PS 428].

Automne – hiver: est à Thoury-Ferrottes.

Utilise désormais un « nouveau procédé du pastel dans des tubes, inventé par Roché – fait tous les dessous avec ce genre de pastel répandu au pinceau, comme de la couleur à l’huile, cela sèche. Lorsque ce n’est pas encore tout à fait sec, on peut continuer avec du pastel en bâton. On arrive ainsi à avoir des lumières éclatantes, le pastel n’étant pas fatigué. Grand avantage. »6

Revoit « Picasso à Paris, très aimable, l’a invité à Thoury mais jamais n’est venu. »;7 voit l’exposition des Fauves.8

1. Voir [PS 421]. 2. Philippe Smit, LAS à René Massé, n.d. [Thoury-Ferrottes, 10 mars 1934], album Massé, p. [63]. 3. PS, LAS à Theodore et Marijke Pitcairn, [13 mars 1934]. 4. PS, LAS à Henri Roché, Thoury-Ferrottes, 19 avril 1934, archives La Maison du Pastel. 5. PS, LAS à Massé, [3 août 1934], album Massé, p. [67]. 6. Massé 1920-1935, 9 novembre 1934, p. [27]. 7. Ibid. 8. Paris, Les Fauves: l’Atelier de Gustave Moreau, novembre – décembre 1934.


1935

Passe toute l’année à Thoury-Ferrottes avec des allers retours à Paris.

29 mai: Massé note: « Philippe et l’exposition d’art Italien, son admiration pour Botticelli – Giotto – Léonard de Vinci – le sculpteur Donatello. »1 et 2

6 septembre: connait des problèmes financiers dus à la baisse du dollar et regrette de ne pas pouvoir aider Massé; était souffrant pendant tout l’été, il avait « les nerfs abattus […] c’est toujours chez [lui] le côté faible [ses] pauvres nerfs ».3

Rédige un testament dans lequel il lègue ses tableaux à Berendina et, au cas où elle décéderait avant lui, Lotty et Marijke en seraient les bénéficiaires.4

1. Massé 1920-1935, 29 mai 1935, p. [32]. 2. Petit Palais, Paris, L’Art Italien de Cimabue à Tiepolo, mai – juillet 1935. 3. PS, LAS aux Massé, [Thoury-Ferrottes, 6 septembre 1935], album Massé, p. [68]. 4. Archives LNC.


1936

Voyage avec Berendina et Lotty, le long de la Loire jusqu’à l’Atlantique

Fin septembre: passe quelques jours avec Berendina à la Haye, retrouve Anton Zelling, Ernst Pfeiffer et voit d’autres membres de l’église swedenborgienne, rend visite à son père à Haarlem.1

1. Berendina Hubscher-Urban, LAS à Theodore Pitcairn, La Haye, 21 septembre 1936.


1937

Kasper Niehaus publie un long et important article sur Philippe Smit dans le magazine hollandais Elsevier’s Geïllustreerd Maandschrift.1

1. Niehaus 1937.


1938

11 octobre: écrit aux Massé pour les inviter à la campagne et leur dit d’avoir « très peu travaillé ces temps-ci, l’atmosphère moral n’étant pas là, pour être dans des bonnes conditions propices pour l’art qui réclame tellement toutes les cordes les plus fines à l’arc du rêve. »1

1. PS, CAS aux Massé, [11 octobre 1938], album Massé, p. [69].



FIG. 1 Atelier à Thoury-Ferrottes.

FIG. 2 Commande de Philippe Smit notée sur le mur de l’atelier d’Henri Roché, avec l’aimable autorisation de La Maison du Pastel.

FIG. 3 Philippe Smit, 1932.

FIG. 4 Philippe Smit, 1932.

FIG. 5 Philippe Smit, Berendina et une amie devant le château de Cordés, Orcival, mars 1933.

FIG. 6 Philippe Smit et des amis devant le château de la Roche Jagu, été 1933.