Chronologie_1886-1913

Chronologie 1886-1913: L’enfance – Les vaches maigres

1886

17 novembre: à Zwolle, Pays-Bas (fig. 1), nait Philippus Jacobus Johannes Smit, fils de Jacobus et de Marie Clotilde Eleonore, née Courdy, d’origine française (fig. 2); dernier né des cinq enfants du couple ayant survécu; ses sœurs: Elisabeth, surnommée Lize ou Lisa (*1874), Leonore (*1875), Clotilde (*1877) et Emma (*1885) (fig. 3). Son frère né en 1880 et mort en 1883 portait le même prénom. Un deuxième frère, Johannes (*1882) et une sœur, Jacoba (*1892) sont morts peu de temps après leur naissance. Parfois, certains actes dont son dernier passeport, son acte de décès et des articles de presse mentionnent l’année 1887 de façon erronée comme année de naissance.


1895

Juillet: la famille Smit arrive à Paris et est domiciliée au 16, rue Caffarelli, 3e arrondissement.1

Philippe bénéfice d’une éducation française, son père exerce alors la profession de coiffeur.

1. Extrait du registre d’immatriculation, 7 août 1895.


1905

20 novembre: réformé par l’armée hollandaise.1

Jeune homme, il gagne sa vie en dessinant et faisant des bijoux (voir [PS 6]).2

1. Acte des autorités militaires néerlandaises. 2. Philippe Smit a toujours attribué le fait d’être chauve si tôt à son activité de bijoutier en travaillant sous éclairage très fort (anecdote racontée par Miriam Pitcairn, voir « Interview non publiée de Miriam Pitcairn-Mitchell » par Jonathan D. Kline, Bryn Athyn, 7 mars 1994, 16 pages dactylographiées, p. 8, archives Glencairn).


1905 – 1910

Dans cette période peut se situer la rencontre avec les époux Nicolaas et Berendina Urban qui l’aident financièrement et le soutiennent moralement. Nicolaas se chargera également de la vente de ses œuvres aux Pays-Bas.1

1. Hormis l’interview inédit de Miriam Pitcairn-Mitchell avec son fils Lorenzo Mitchell (enregistré entre 1992-2002 et transcrit ultérieurement, p. 19, archives privées, Paris) nous n’avons pas d’autres indications sur la date de leur rencontre. Le 19 mai 1905 les Urban quittent Amsterdam pour Bussum (Huizerweg puis Ruthardlaan) où ils habitent jusqu’en 1912.


1908

Rencontre vers cette date avec Ernst Pfeiffer, ami des Urban.1

1. Voir note biographique Ernst Pfeiffer et Interview Miriam Pitcairn-Mitchell et Lorenzo Mitchell (op. cit., p. 20).


1910

A Paris, il fréquente deux écoles de dessin: « l’Académie » rue Etienne Marcel et celle d’Adolphe Gery-Bichard, peintre-graveur, rue Montgolfier. Il y suit des cours avec René Massé qu’il a dû rencontrer peu avant et auquel le liera une forte amitié toute sa vie. Une riche correspondance débute en cette année qui nous laisse penser, faute d’autres indices, que les cours ont eu lieu également en 1910.1 Quitte le domicile paternel pour vivre dans une petite chambre 9 rue Malte Brun, Paris 20e arrondissement, à la même adresse que René Massé.

Juin – septembre: séjourne en Hollande avec un retour en juillet à Paris en raison de la mort de sa mère.2

1. Les noms des établissements nous sont connus par Massé: « Il me parle de ce cher camarade Beauvisage qui avait un beau talent de peintre et que nous connûmes à l’Académie de la rue Etienne Marcel, avant la guerre 1914-1918. J’ai remis à Philippe la photographie de Géry-Richard, Peintre-Graveur qui fut notre professeur aux cours du soir de dessin de la rue Montgolfier. » (Massé 1920-1935, p. [1]). 2. Voir album Massé, p. [2-4].


1911

Nombreux séjours en Hollande jusqu’à la guerre.

7 septembre: arrive à Vétheuil; envoie une carte postale aux Massé et raconte sa visite de l’atelier de Monet à Giverny: « […] Me voici arrivé à Vétheuil, c’est superbe. Figure-toi que dimanche dernier je suis allé à Giverny. C’est dans l’Eure. C’est une contré superbe. J’ai rodez autour de la maison à Claude Monet. Un jardin avec des fleurs de toute coloration et en me promenant derrière sa maison il y avait une porte qui était ouverte. J’ai aperçu un jeune homme qui était en train de ranger sont automobile. J’ai eu un toupet monstre de demander si je pouvais voir son atelier. J’ai eu la permission et quel brave homme. Je n’ai pas eu désillusion. […] ».1 (fig.  4)

Début octobre: il se promène de nouveau le long des bords de la Seine et aux alentours, à Mantes, Bonnières et Vétheuil. Il y fait des études.2

Période d’extrême dénuement.

1. PS, CPS aux Massé, Vétheuil, [7 septembre 1911] (classé avec la date erronée 20 octobre 1911), album Massé, p. [8]). 2. Voir album Massé, p. [6-8].


1912

Hiver/printemps (?): se rend à Barbizon et parle pour la première fois de « cette jolie et grande forêt de Fontainebleau » où il fait « quelques études » et évoque les « souvenirs délicieux de Millet ».1

3 janvier: envoie à ses amis René et Mathilde Massé ses « meilleurs souhaits de l’année de Recloses un petit village qui se trouve à la lisière de la Forêt de Fontainebleau« .2 Les Urban y acquerront une maison en 1922 où l’artiste passera ensuite des longs et fréquents séjours.3

Juin: obtient l’accessit aux concours généraux de dessin des cours de la Ville de Paris, pour les cours d’adultes hommes.4

Fin juin – 31 juillet: séjourne en Hollande: « […] Cette semaine je n’ai pas fait grand-chose, car le temps n’était pas propice pour faire quelque chose. […] J’ai pu faire quelques aquarelles […] ».5

Août: retour à Paris

2 octobre: le père de Philippe Smit écrit à Massé en lui demandant d’informer son fils avec prudence de la mort de sa sœur Clotilde.6

18 octobre: se promène « à la campagne, à la lisière de la forêt de Rambouillet […] ça faisait un moment qu[‘il] n’avait pas vu cette belle nature. »7

Novembre/décembre: est à Osny et Auvers-sur-Oise: « Moi je peins une rue à Auvers, c’est bien comme endroit. C’est d’une finesse de ton. »8 (fig. 5)

1. PS, LAS aux Massé, Barbizon, [1912, très probablement en hiver/printemps], album Massé, p. [9]. 2. PS, CPAS aux Massé, 3 janvier 1912 (archives privées, Paris). 3. Voir Chronologie 1921-1928 et 1929-1939. 4. Le Matin, Paris, 15 juin 1912, p. 4. 5. PS, CPAS aux Massé, s’Gravenhage, [22 juin 1912], album Massé, p. [11]. 6. Jacobus Smit, LAS à Massé, La Haye, 2 octobre 1912, album Massé, p. [14]. 7. PS, LAS à Massé, 18 octobre 1912, album Massé, p. [15]. 8. PS, LAS à  Massé, [fin 1912], album Massé, p. [17].


1913

Début janvier: il est à Osny1; se promène à Auvers-sur-Oise et dans les alentours.2

10 janvier: il envoie une carte d’Auvers-sur-Oise à son père: « J’ai commencé une bonne étude ou il y a des recherches intéressantes. […] ».3

Août – octobre: il séjourne plusieurs mois en Hollande, hébergé par les Urban à Hilversum4: se rend à Amsterdam où il profite de la vie culturelle; fait des excursions dans la région du Zuiderzee; à Naarden, logé chez des paysans, il est contrarié par le mauvais temps qui l’empêche d’avancer dans son travail mais il est très épris de cette nature belle et sauvage; à Zwolle il évoque son enfance.

29 août: écrit aux Massé: « […] ces jours-ci j’ai vu une merveilleuse exposition de Vincent van Gogh. Il y avait là toutes ses périodes, sa manière Hollandaise et après l’influence de Monet et une forte façon de sentir comme les japonais. Et des beaux dessins à la plume. Il y avait là plus d’une centaine de ses œuvres. Jamais j’ai vu une exposition aussi complète d’un artiste. Et aussi des très belles œuvres de ce beau peintre Hollandais Van Daalhoff, ce sont des petits chefs d’œuvres, moi, j’en suis fou […] ».5 Il n’en reste pas là et rencontre le peintre chez lui et l’estime « de la ligné de Millet ».6

10 septembre: écrit aux Massé: « […] J’ai fait une promenade au bord du Zuiderzee, c’est de toute beauté. Tu n’as pas idée, mon cher René, comme c’est grand et mélancolique, car je ne sais pas si c’est le climat mais je suis très mélancolique en Hollande […] J’ai peint quelques fleurs car le temps n’est pas propice encore pour peindre. J’ai fait un pastel avec des marais [œuvre non identifiée] car les marais en Hollande sont très jolis […] ».7

6 octobre: « […] Je t’écrit de Zwolle en ce moment. Quel plaisir de revoir tous les souvenir d’enfance, ces contrés n’ont presque pas changé […] ».8 (fig. 6)

Automne: promenades dans la Forêt de Fontainebleau et à Barbizon.

Fin d’année: retour à Paris.

1. Voir [PS 62]. 2. Voir Philippe Smit 1913, voir également [PS 14] et [PS 78]. 3. PS, CAS à son père, [10 janvier 1913] et voir [PS 14]. 4. Le 1er octobre 1912 les Urban quittent Bussum pour Hilversum (Soestdijkerstraatweg). 5. PS, LAS aux Massé, Amsterdam, 29 août 1913, album Massé, p. [19]. 6. PS, LAS à Massé, [1913], album Massé, p. [24]. 7. PS, LAS aux Massé, Amsterdam, [10 septembre 1913], album Massé, p. [20] et voir [PS 76]. 8. PS, LAS aux Massé, Zwolle, [6 octobre 1913], album Massé, p. [22].



FIG. 1 Zwolle, PS, carte postale à son ami René Massé, 1913.

FIG. 2 Acte de naissance,
archief Historisch Centrum Overijssel, NL.

FIG. 3 La famille Smit, vers 1889, Philippe assis sur les genoux de sa mère.

FIG. 4 Claude Monet, 1899, photo Nadar, ancienne collection du peintre.

FIG. 5 Croquis de la rue figurant à la fin de sa lettre.

FIG. 6 Luttekestraat, Zwolle, PS, carte postale à René Massé, 1913