"[…] Malgré ma Maladie de cette hiver/ j’ai beaucoup travailler. Mais la vie de/ Paris me fatigue beaucoup. Ma santé/ n’ai [est] pas encore ce que j’était auparavant/ enfin pourvu que je peut rendre mes rêves/ et de temps a autres aller vers cette divines forêts quelles beauté! […] ici il y a eu de grand changement. nous/ avee [avons] transformé la grand[e] pièce/ pour avoir plus de place pour les tableaus. […] ci-joint un portrait de Maryke [piece jointe perdue] de ce/ tableaux qui est parti en Amerique/ et puis aussi le concert d’Ange/ avec les cignes. aussi parti en Amerique […] portrait de Maryke./ divan couleurs vieux tabac./ jupe bleu céleste avec corsage velours bleu/ foncé. ruban dans les cheveux. noir/ vieil-or vieux violet. rideaux des ors/ et des ocres rouges. éventail blanc en plumes[...]" [sic] (Philippe Smit 1922)
Ce pastel est avec le Chant printanier [PS 227] le premier achat de Theodore Pitcairn en 1921 lors de son voyage en Europe.1 Ernst Pfeiffer est l’intermédiaire. Cette acquisition aura une influence décisive sur la vie de Marijke, car l’acheteur succombe sous le charme de cette jeune fille alors âgée de seize ans. Il l’épousera en 1926.
Le portrait est une véritable œuvre clé car il est le début d’un grand amour et aussi d’un mécénat et d'une profonde amitié entre le peintre et Theodore Pitcairn. Il sera déterminant pour la carrière de Philippe Smit puisque ce premier achat convainc immédiatement Theodore Pitcairn de la valeur du peintre auquel il achètera, sa vie durant, une grande partie de sa production.
Le but du voyage en Europe est, entre autres, la recherche par les frères Pitcairn d’un artiste qui pourra faire les portraits des ecclésiastiques et membres de leur église.2
Fin 1921 Ernst Pfeiffer se charge de l’envoi des deux pastels à Raymond Pitcairn.3 Dans sa lettre adressée à Theodore, qui séjourne depuis de longs mois en Afrique du Sud, Raymond écrit son opinion nuancée sur ce portrait: "[...] J’ai eu une bonne opportunité d’étudier les deux peintures que tu as achetées car elles sont accrochées dans la maison depuis quelques temps. Le portrait de la fille peut être un tableau à succès dans n’importe quelle exposition moderne. Les lèvres sont peut-être un peu trop colorées et il y peut-être un petit manque de raffinement dans l’exécution, cependant le tableau est fort et beau. [...]"4
1. "[…] In Holland I bought/ two paintings or rather/ pastels from a friend/ of Mr. Pfeifer [sic] Philip[pe]/ Smit. I feel certain/ he is the greatest/ living artiste quite/ a young man. I/ wish he could come/ to B. A. [Bryn Athyn] and paint/ the Elder Bishop [PS 246]./ I met him and liked/ him very much. […]" (En Hollande j’ai acheté deux tableaux ou plutôt des pastels d’un ami de Monsieur Pfeiffer, Philippe Smit. Je suis convaincu qu’il est le plus grand artiste vivant, un assez jeune homme. J’aimerais qu’il vienne à Bryn Athyn peindre le vieil évêque [PS 246]. Je l’ai rencontré et l’aimais beaucoup.) (Theodore Pitcairn, LAS à son frère Raymond, 6 août [1921], archives Glencairn).
2. Voir [PS 246], [PS 244] et Chronologie 1921.
3. "I am writing you in the name/ of my friend Mr. Philippe Smit, the/ artist from whom, as you probably know,/ Theodore has bought two pastels. […]" (Je vous écris de la part de mon ami Monsieur Philippe Smit, l’artiste, vous devez savoir, auquel Theodore a acheté deux pastels.) (Ernst Pfeiffer, LAS à Raymond Pitcairn, Scheveningen, 27 novembre 1921, archives Glencairn).
4. "[…] I have had a very good/ opportunity to study the two pictures of his which you purchased as they have/ been hanging in the house for some time. The portrait of the girl would/ stand out as a successful picture in any modern exhibition. The lips may/ look a little painty and there may be a slight lack of refinement in the/ execution, however the picture is strong and wears well. […]" (Raymond Pitcairn, LTS à son frère Theodore, Bryn Athyn, 5 avril 1922, archives Glencairn)
Voir notice biographique Marijke Pitcairn.